Carte postale d'été
La lumière du jour à
travers les volets,
et l'odeur humide du matin clair ;
le grincement du portillon du jardin
ré dièse mi si lors de ma visite matinale,
les
pieds humides de rosée
et les fil d'araignées
contre les jambes dans les allées.
L'odeur des tomates sous la serre
et
celle poivrée des oeillets,
le trissement d'un martinet
le
rouge insolent des dalhias et des glaïeuls,
et le rebond net
d'une sauterelle dans les courgettes.
Le crissement des graviers dans
l'allée,
le feutré des pieds nus sur la
terrasse.
Le chuintement que fait la marmelade en
macération,
quand on remue à la cuillère en
bois
les abricots dans le sucre,
et l'odeur de la cannelle se
mêlant à celle du café.
Remuer la mélisse
en train de sécher,
et la verveine prête à
mettre en pot...
Faire cliquer la cuillère contre
le verre
du pot de confiture de groseilles
– raclé jusqu'à la
dernière goutte
sur le dernier pain au miel.
Le bruit mat des abricots tombant dans
l'herbe,
et leur roulé dans le panier
d'osier ;
le snip du sécateur et le parfum
des roses rouges,
la piqûre d'une épine et la
perle aussi rouge
que les pétales des jeunes
gaillardes...
Le bruit lancinant d'une cigale
se prenant pour un jet d'arrosage
automatique
-- de ceux qu'on trouve dans les grands
champs de tournesol.
Le vol des choucas, leur cri poignant
et heureux,
le rouge pourpré du soleil dans
le creux du Pilat...
Ramasser les figues dans la lueur du
couchant,
quand les guêpes sont parties
frôler le serpolet et son odeur
d'automne
faire partir une escadrille de
sauterelles grises devant moi.
Arroser au jet les fleurs sur la
terrasse
et en effleurer le feu d'étoiles
bleues des lavandes
pour mêler leur odeur à
celle de l'eau.
Arroser aussi le petit parc de la
tortue
pour qu'elle soit un peu au frais elle
dort
sous les pervenches.
Rentrer dans la cuisine, l'odeur de la
marmelade
qui mijote tout doux, tout doux...
Improvisation à deux flûtes
sur du jazz cubain,
le plaisir engendré par leurs
voix venteuses fières joueuses
et le plop des couvercles quand le vide
se fait.
Récupérer le lapin évadé
de sa cage
et lui promette une sortie quand je
pourrais le surveiller
-- pour une fois, la bête ne
cherche pas à mordre
lui caresser le bout du nez
et entre les oreilles aussi --
lui souhaiter une bonne nuit.
Repasser dans le couloir,
apprécier encore l'odeur des
confitures,
et aller se coucher...