Carte postale d'été
La nuit vient...
Au loin un roulement de tonnerre
la pluie du vent dans les feuilles
et la respiration douce des grillons,
le ronronnement des criquets dans l'herbe
caresse contre la soie du soir...
Se souvenir d'un poème du grand Roy
Ecrit à la Lisière du Temps :
Le criquet qui fait halte à côté de moi
frotte l'une contre l'autre ses pattes de devant
si je fais bien attention et reste très calme
j'entends distinctement son bruit de soie froissée
C'est un son si léger que presque du silence
Mais le ciel d'été est si transparent
qu'en se frottant les mains le criquet remplit tout l'espace
et le fait résonner jusqu'au fin fond du ciel
Loin quelque part entre Arcturus et Bételgeuse
le silence s'étonne de ce qui vient de chez nous
et dit tout bas « C'est un criquet là-bas sur la Terre
qui se frotte les pattes et se trouve content »
Si j'arrêtais en moi le tumulte du temps
si je me faisais lisse et vide simplement écoutant
Peut-être parviendrais-je à être le criquet
et à devenir ciel comme sa mince chanson ?
Et puis s'endormir...
N'être éveillée que bien plus tard,
la pluie glisse clapotte sur le toit
claque sur le tambour de la terre
temps d'automne, enfin ! Se sentir vive de nouveau
et jeune comme la pluie
l'énergie courir comme l'eau dévale
la joie du simple mouvement pétillant
encore... Languir des couleurs d'or rouge
et des brumes matinales,
de l'air froid humide prenant
et de l'odeur des feux de bois mouillé...
L'automne, le véritable automne...
est-il pour bientôt ?