Carte postale d'automne
Automne au jardin :
l'odeur
de feu mouillé
et celle de la terre humide
et du
serpolet frôlé par les sabots...
—
j'ignore si le serpolet sent vraiment le mousseron,
ou si c'est le
mousseron qui prend l'odeur du serpolet :
chez nous, les
champignons poussent dedans,
et les deux odeurs sont inséparables
à mon nez.
Les éclats rouges des dernières
fraises
— en manger
une : les dernières fraises sont toujours les plus sucrées
—
et des
framboises...
arrivée au bout du dernier rang,
quelques
gouttes de pluie
tombé du ciel gris bleu plomb :
frisson
sur la nuque
rondeur froide.
Automne en cuisine :
Rentrer pour le thé
—
"Soleil oriental" : thé vert aux agrumes —
et un croissant pur beurre
avec du chocolat...
Sentir la
chaleur revenir dans les mains glacées...
Eplucher les châtaignes, une première fois pour la grosse peau
les blanchir, les rééplucher pour enlever la peau duveteuse
qui colle au doigts et les frippent
Les refaire cuire à l'eau
pour la soupe du soir
—
pommes de terre, carottes, radis-navets et dernières tomates —
pendant qu'infuse l'eau de sauge citronée
qui fortifie et fait briller les cheveux...
Automne en balade :
le
son mat des chaussures de marche sur la terre tassée du
chemin,
leur
frichtrement dans les feuilles mortes des hêtres
l'odeur
de champignons et d'humus humide...
Amanites
au pieds des bouleaux
— caresser
la peau jeune sous la première écorce
lisse
et rosée —
bolets
des chênes sous les hêtres
— peau
plus rugueuse et grise,
mais
agréable et ferme.
Trouver
des champignons bizarres —
des
violets, des pieuvres rouges, des verruqueux —
et
des branches de houx à boules rouges et vertes.
Ramasser
les châtaignes et se piquer les doigts
— avoir
eu la bonne idée de mettre un chapeau de cavalier
quand
une dégringolade de bogues et de feuilles se déclenche.
Eviter
les ornières boueuses et les ronces piquantes,
et
rentrer par un chemin au soleil...