Carte postale de printemps
Envie de sorbet à la
mandarine
dans la chaleur suffocante de l'après-midi
–
la buée fraîche sur la coupe
et un grand verre d'eau
citronnée
Rentrer par le Chemin
Vert comme
tous les soirs
être surprise par la brusque
floraison envol
spontané de pétales
des coquelicots au bord du
chemin
– leurs ailes rouges à peine défripées
égayées
comme des baisers champêtres
papillonnant dans les grandes
herbes folles
Et la neige discrète
d'un tapis de stellaires
gardée fraîche sous l'ombre
d'un chêne
Une odeur légère et
insidieuse
lever le nez
la première ombelle d'un sureau
sucrée
l'habit roux moiré de vert du
noisetier
le froufroutement d'une mésange – nonnette ? –
dans les feuilles tendres du bouleau
En haut du coteau
l'accueil suave des lilas
– ne plus rêver que d'eau
fraîche
et de lézarder en robe des champs sur la
terrasse
– le glouglou de l'eau froide dans le
verre
l'effleurement des pieds nus sur les dalles
l'odeur du
citronnier
et le bourdonnement
très affairé
d'une abeille pelucheuse
– apprécier d'autant mieux
d'étendre ses longues jambes
et de ne rien faire
C'est étrange
on l'aurait presque oubliée
mais l'odeur de l'herbe humide
revient avec le soir...