Carte postale de printemps
Promenade en bord de rivière par
temps couvert
par temps venteux
tant de vent que même
sans pluie
la peau crépite de gouttelettes
ramenées
depuis la rive jusqu'au sentier
– et tellement d'eau que les
berges sont impraticables
hésitant entre être rivière
ou marécage...
Se détachant sur l'eau grise
–
l'eau grise hésitant entre être nuage ou rivière
–
le jaune moqueur et effronté des flambes d'eau
et
volant à contre-courant
contrariées par le vent
trois canes colvert cancanant.
Entre la haie sauvage d'églantines
en roses
et les champs de blés verdelets
ondoyant en mer
légère
une demoiselle d'un bleu profond
sur les
ombelles blanches dans les herbes sauvages
– les hirondelles
cinglent le ciel
plastron rouge et vol en V
au ras des épis.
Une de leurs comparses sur un acacia
gazouille sur tous les tons
– chant funèbre d'un
moucheron
vu du côté du vainqueur.
La brûlure cuisante d'un
ortie
alors qu'on voulait ramasser une fleur d'églantine
–
la douleur n'est pas la même que celle crainte
pas même
une petite perle de sang rouge sur l'index
mais une plaque de
boutons blancs sur l'avant bras
et pas de plantain à
proximité, évidemment –
décider que la
fleur va très bien sur sa branche,
et que son parfum
discret profitera aux passants.
L'odeur humide de la terre
lourde
argileuse
fraîche et solide
enivrante et reposante
– éviter
tout de même d'y poser les pieds.